vendredi 13 janvier 2012

Du metro...au RER


La conduite des trains n'a jamais été un objectif dans ma vie. Plutôt une opportunité que j'ai saisi quand mon père, qui travaillait à la RATP, m'a soumit l'idée de faire un dossier de candidature pour conduire le métro.
 Lui était passé par "l'exploitation". Il avait, entre autres, été poinçonneur puis agent de station. Passant des examens internes, il était devenu dessinateur industriel. Il avait eu, plus tard, des responsabilités syndicales (les chiens ne font pas des chats)!
Toujours est-il que je ne connaissais vraiment pas ce milieu. Habitant Noisiel, je ne prenais pas trop le métro. J'ai donc postulé à un métier qui m'était complètement étranger.
Une fois recruté, après une batterie de tests en tout genre ( logique, psychomoteur, mémoire, médical), j'ai commencé la formation pour être conducteur de métro.
Celle-ci dure environ 3 mois. C'est très court, mais la quantité d'informations, de nouvelles abréviations, de procédures mémorisées, d'emplacement de robinets, commutateurs, règles à connaitre par coeur et autres textes......c'est énorme!
Car à la fin du stage, vous êtes prêt à partir en ligne avec un train de voyageur. Plus de simulations, d'exercice, de question...vous êtes seuls! Et ce fameux premier jour, vous avez tellement passé de temps à faire des avaries simulées que vous êtes certain qu'il va vous arriver quelquechose!! 
Et au bout de quelques temps, les gestes commencent à s'automatiser. La conduite est plus souple, on fait un peu plus attention à ce qui nous entoure. Les yeux ne sont plus rivés sur le pupitre de commande, à regarder si la pression est bonne, les voyants sont bien éteints. Les diverses sonneries ne font plus sursauter, on tombe doucement dans une petite routine...
Au début, j'étais "en réserve"sur la ligne 3 mais j' étais utilisé sur plusieurs lignes, essentiellement les lignes 2 et 6. Cette dernière est ma préférée de toutes, puisqu'elle sort de sous terre et passe dans des coins magnifiques. Le soir, j'avais l'impression d'être un touriste aux commandes du métro. Lorsque je passais le pont au dessus de la Seine, je contemplais cette vue magnifique.
Puis j'ai demandé à être " en roulement", afin d'organiser plus facilement mon emploi du temps. Je ne conduisais que sur la ligne 3, où tout se passe sous terre. Qu'il soit 5 heures ou 18h30, c'est la même lumière. 
Et au bout d'un moment, ça devient très répétitif. 
@Gentilchanoir
Mais le temps passe, on lève la tête et ça fait déjà 10 ans.    

10 ans après ma demande de mutation au RER, le service concerné m' appelle 
pour me dire: "c'est votre tour". Car à la RATP, le délai d'attente pour passer du métro au RER est d'environ 10 ans. Il est obligatoire de passer par le métro pour conduire le RER. A la SNCF, il en est autrement. Certains ont 19/20 ans.
J'étais donc très heureux de partir en formation et d'apprendre un nouveau fonctionnement. Avec une signalisation complètement différente. La conduite n'est, évidemment pas la même. (pour commencer, le RER roule à gauche alors que les métros roulent à droite). Et surtout, les trains sont 3 fois plus longs! (métro: environ 75m / RER: plus de 200m) et les voyageurs plus nombreux, donc, forcement beaucoup plus la pression!!
Il a fallut se replonger dans les textes, les procédures, les exercices théoriques, les mises en situation...pendant 3 mois. Encore une fois court mais...énorme! 
D'autant plus que ma formatrice n'avait qu'un objectif: que nous réussissions. Bien connue par tous les conducteurs, elle est très efficace! <-- la meilleure!

Et comme pour le métro, un jour, il faut se lancer et partir en ligne. 
J'ai choisi de faire un grand tour Nanterre / Chessy / Nanterre. Tout s'est très bien passé ce jour là. (Depuis, j'en ai vu des incidents!)
Ça fait maintenant 9 mois que j'ai mon permis et je reprends plaisir à conduire. 
J'apprécie les passages à l'extérieurs. Qu'ils fasse beau ou qu'il pleuve, je vois enfin la lumière du jour et ça, ça fait du bien!
Après, au métro comme au RER, notre mission est la même: vous transporter dans les meilleures conditions de sécurité. ( j'ai pas dit confort hein, vous noterez! ) 
L'augmentation du nombre de voyageurs ne tend pas vers ce dernier point (confort).

En tous cas, j'adore mon métier et rien que pour ça, j'ai envie de dire: "Merci Papa!!" 


12 commentaires:

  1. Aimer son métier. Presque un luxe de nos jours. Bonne continuation.

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  2. Ouah...

    J’attentai cet article et voilà que j'ai déjà finit de le lire.

    Nan sans déconné, ced, je suis ton premier fan et depuis tout petit... Et je le resterai.

    Continue comme ça!

    Ton Brother qui t'aime!

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  3. Merci Ti' Fab, ça me touche...
    Je vais tacher de continuer, dans le même genre.
    Merci à toi d'être là. Moi aussi j't'aime bro'!
    Bon voyage!

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  4. Bonjour,
    Sympa ton article ! Ca fait un petit moment que je te suis sur Twitter et je me dis que ton métier ne doit pas être facil tous les jours... Restez enfermé dans les sous-sols de Paris ! Enfin tu es sur la ligne A et tu vois un peu du "pays" ça doit être mieux comme ça :) !

    En tout cas bon courage
    Marc

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    1. Merci Marc.
      Pas facile mais loin d'être pour autant désagréable! J'adore ce métier, pour le moment. J'espère que ça durera!
      Effectivement, le fait de voir du pays me fait beaucoup de bien!

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  5. hi hi hi ^^ C'est marrant comme le métier d'agent RATP ou SNCF se transmet de père en fils :)
    Moi après 2 générations d'agents RATP, j'ai fait 4 ans à la SNCF !!ouhhhh la vilaine :D pour finalement finir dans l'informatique chez EDF.
    Mais bon heureusement pour la famille les cousins ont perpétué la tradition familiale ^^
    Toi aussi tu dois connaitre les repas de famille où ça parle trains et avaries en tout genre ;)
    Tu penses que tes enfants travailleront également à la RATP ??

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  6. Il est très plaisant de voir quelqu'un qui apprécie son métier. Je pense aussi que ce doit être de plus en plus difficile (je prends souvent le RER) J'aime le métro aussi, j'y suis née - la première sortie de ma vie à cause d'une alerte pendant la guerre. ...

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  7. Encore un beau et intéressant billet, qui mêle ton vécu et des infos intéressantes pour nous autres voyageurs. La ligne 6 est aussi de loin ma préférée, malheureusement je n'ai pas souvent l'occasion de la prendre. Mais à chaque fois, la sortie de terre à Bercy est toujours un moment que j'adore, et à l'autre bout on trouve ce que je considère être le passage le plus magique du métro, le passage sur le pont de Bir-Hakeim avec pleine vue sur la Tour Eiffel juste à côté…

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  8. Salut, je suis aussi conducteur à Torcy, et je me retrouve bien dans ce que tu racontes, malheureusement, quand je vois comment évolue l'entreprise; ce métier que j'aime aussi, devient un simple travail qui me permet de gagner ma croute. Ceci dit, très bien ton blog, en espérant qu'il puisse éclairer les voyageurs qu'on laisse trop souvent dans l'ignorance, et qu'il puissent nous voir ainsi d'un autre oeil

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  9. bonjour, je suis un ancien car j'ai 54 ans et bientôt 4 ans de retraite de la Régie. Pour ma part, j'ai fini au centre de liaison de la 9 à Pte de Montreuil. 26 ans de service et ça passe bien vite. Je te souhaite une belle et longue carriére

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  10. Effectivement, billet (et blog) très agréable à lire.
    Bravo ! Et oui heureusement -tu en es l'exemple- on a parfois des conducteurs de RER qui nous considèrent comme des passagers, j'apprécie les message qui sonnent pas le préenregistré, ou meme la pointe d'humour pour détendre l'atmosphère.

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